Journal de ma balade à vélo de Metz à Coblence.
Gérard-Antoine Koch
Ca y est ! cela faisait un certain nombre d’années que
l’idée et l’envie de faire le parcours Metz- Coblence par le véloroute
longeant la Moselle et traversant trois pays m’habitaient.
En ce mois d’août 2022, débarrassé d’un certain nombre de
bonnes ou mauvaises raisons de remettre, certains évènements, la fin des
contraintes de cette fichue pandémie, etc…je me suis dit que le moment était
venu de réaliser ce projet datant de plusieurs années. Donc au milieu de cet
été aux records de température inégalés, j’ai donc commencé tranquillement la
préparation de ma balade en espérant trouver un créneau météo plus supportable
dans les jours à venir.
Tout d’abord, trouver un plan du parcours de la Moselle de
Metz à Coblence par le véloroute avec les villes et villages traversés. Il m’a
suffi d’aller sur internet pour trouver ce que je cherchais.
Une constatation qui peut surprendre, Metz – Coblence par l'autoroute est un trajet de 175 kilomètres. Alors que par la voie longeant
les rives de la Moselle, 307 kilomètres. Cette rivière, à partir du Luxembourg,
et encore plus en Allemagne, a réussi à rejoindre le Rhin en creusant son lit peu
pentu, avec de nombreux méandres, d’où les kilomètres en plus…
Ensuite, faire le point du matériel nécessaire et à emmener.
Le vélo. Pas de problème, mon acquisition, il y a deux ans,
d’un modèle très polyvalent, permettant une position plus ‘balade’ que mon VTT et
mon vélo de route, ne me laisse aucune hésitation sur le choix à faire. Mon « Roll »
de Specialized fera bien l’affaire.
Après avoir réussi à récupérer auprès des Américains, au
bout de plus d’une année enfin, un porte bagages arrière spécial pour ce vélo à
la géométrie très spécifique et aux roues de 650 B, j’ai trouvé un système de sacoches
(français !) intelligemment transformables en sac à dos.
Pour mon équipement, faisant du vélo, surtout du VTT depuis
pas mal de décennies, j’ai tout ce qu’il faut, du casque au cuissard, en
passant par le multi-outils, et autres accessoires ou instruments indispensables.
En ce qui concerne l’hébergement, ayant décidé de faire mes
haltes journalières sans prévisions et selon mon avancement et mon envie, et, appréciant
depuis toujours la vie en plein air, je vais camper. Il me faut une tente
bien plus légère et plus petite que celle qui dort depuis quelques années dans
mon garage et qui nous avait permis entre autres, des séjours très sympas dans
les Alpes de Haute Provence.
Car, il y a un point qui me parait important à contrôler
de près, c’est le poids de tout ce que je vais emmener sur ma monture.
Je me retourne donc vers les fournisseurs de tentes de
randonnée qui proposent une kyrielle de modèles à une ou deux places, très
légères, et aux prix inversement proportionnels aux poids. (Exemple, tente une
place de 900 grammes, autour de 500 euros.)
Pour moi, je considère que mon but est de réaliser une belle
balade à vélo, sans souci particulier de performance, et que la vallée de la
Moselle, au Luxembourg, et en Rhénanie Palatinat, n’a rien de comparable avec
le tracé du GR20 en Corse ou autre terrain désertique de grande aventure. Alors,
trouver un compromis poids/prix me parait une bonne solution. Après un tour
local des différentes enseignes ne proposant que des modèles magnifiques, très
sophistiqués et donc très onéreux par rapport à mon besoin, je me rabats sur
les fournisseurs du Net et trouve une petite tente à 50 euros, peu encombrante
et déjà assez légère, puisque pesant 1 kilo 600, poids qui me parait
raisonnable pour chevaucher un vélo pas trop chargé.
Pour dormir, j’ai décidé d’aller au plus simple,
j’utiliserai un des deux petits sacs de couchage standards qui ont déjà
servi, il y a quelques années, pour nos derniers séjours en camping, et que
nous emmenons toujours en vacances au cas où, par habitude, où que nous
allions. (Poids 800 grammes).
Et, aimant depuis toujours m’allonger sur le sol, car n’étant
pas très sensible aux problèmes de confort, et, ne voulant pas alourdir le
paquetage nuit, ainsi que la facture de matériel, en achetant le matelas
autogonflant qui va bien avec les tentes à 500 euros, je prends une petite
couverture de pic-nic qui a déjà servi, légère et peu encombrante, et qui me
suffira amplement.
En ce qui concerne ma nourriture et le ravitaillement, j’ai
décidé de simplifier. Pas de mini batterie de cuisine, ni de réchaud. Je vais
partir avec quelques barres de céréales et quelques victuailles peu encombrantes
de secours. Pour la collation de mi-journée, j’achèterai en passant au fil des endroits
traversés.
Quant au soir, vu les nombreux campings qui bordent cet itinéraire, il ne sera
pas difficile d’en trouver un équipé d’un petit snack comme souvent. Par
contre, pour le café indispensable du matin, étant lève-tôt, il me faudra
improviser selon.
Une autre chose importante à prévoir, l’énergie. Une petite
mini lampe frontale pour la lumière au bivouac, et aussi et surtout, assurer la
recharge de mon Iphone. Ce smartphone va me servir, non seulement pour
communiquer avec mes proches, mais aussi pour enregistrer mon parcours avec
l’outil très connu et énormément utilisé « Strava », et éventuellement servir de GPS au
cas où. Pas de problème, car la génération 2.0 ou même 3.0 est là : un de
mes fils me prête son chargeur/batterie solaire, et son frère, son chargeur/batterie
rechargeable sur prise.
Les jours passent, et les températures dépassent largement
les 32 degrés en culminant même jusqu’à 37/38, avec votre
serviteur en embuscade et très attentif aux évolutions du ciel.
Nous sommes le lundi 22 août, et j’entrevois enfin des
prévisions sur plusieurs sites, annonçant des jours moins chauds, mais avec
possibilité d’orages. Je commence à me dire que le moment approche, tout
en espérant découvrir un créneau tempéré et moins perturbé.
Jeudi 25 août, j’entrevois une éventuelle période qui va de
samedi 27 à mercredi 31 août, avec possibilité de rafraichissement de la température
le samedi, et risque orageux le mardi soir ou mercredi matin.
Pensant que je devrais pouvoir faire cette balade au plus en
4 jours, je décide de partir le surlendemain, samedi matin 27 août.
Le 26 août au soir, je prépare minutieusement tout ce que
j’ai à prendre, et fait une simulation réelle de charge. A part tente et sac de
couchage sur le porte bagages, tout rentre dans les sacoches :
A droite, tous les
habits, de pluie et pour un éventuel refroidissement, puis ceux de rechange, ainsi
que les affaires de toilette.
A gauche, les accessoires,
bombe anti-crevaison, pompe et instruments de maintenance vélo. Les chargeurs,
ainsi que la lampe frontale. Puis, les quelques victuailles d’appoint.
Samedi 27 août 2022 :
Levé très tôt comme à mon habitude, petit déjeuner copieux,
bonne douche, et me voilà en train de préparer et charger ma monture. La
veille, j’ai naturellement pris soin de vérifier le vélo, et que tout était en
état pour faire quelques centaines de kilomètres.
Il est 8 heures et 15 minutes, c’est le moment de se dire au revoir, et de prendre quelques photos du bonhomme sur son vélo qui va enfin faire ce foutu périple dont il parle depuis des années…
Et me voilà parti...
Comme annoncé, la température est de 18 degrés et le ciel
est d’un gris très uniforme, plafond assez bas, sans apparemment de risque de
pluie. Je vais même jusqu’à me dire, moi qui suis un peu grenouille à mes heures,
que cela devrait se lever en début d’après-midi. De toute façon, pluie ou pas,
plus question de remettre.
Bon, le début de l’itinéraire, c’est du connu puisque, comme
souvent, lors de nos promenades cyclistes qui nous mènent au centre-ville ou
ailleurs, je débute par le véloroute Charles Le Téméraire, appelé aussi la
voie bleue, qui passe près de mon club de tennis à Moulins les Metz, à moins de
2 km de chez moi.
Vu l’heure et le temps gris, je ne croise quasiment
personne, à pied ou à vélo, alors qu’habituellement, et surtout le week-end,
cette portion de chemin est assez fréquentée, car sympa et jolie, avec entre
autres le passage du petit pont enjambant le chenal de sortie du port de
plaisance de Scy-Chazelles dénommé Port Schuman.
Petite nouveauté pour moi, c’est le passage à l’écluse de
Metz-Nord, ainsi qu’au port aménagé enfin pour les vélos et promeneurs, avec
contournement des silos à grains. Il n’y a encore pas longtemps, cette piste
cyclable était interrompue et il fallait emprunter la route pendant quelques
kilomètres. Me voilà ensuite près de La Maxe, en direction de Thionville sur une
piste que je découvre pour la première fois. Depuis les silos, et, sur quelques
kilomètres je ne roule plus en bord de rivière. En effet, le chemin doit éviter
beaucoup de clôtures, des exploitations et terrains privés, ainsi que les infrastructures
du barrage et de la centrale hydro-électrique de La Maxe.
Enfin je roule à nouveau au bord de la rivière, où je découvre
un paysage plus attrayant avec 2 ou 3 bars à cyclistes, style vieilles paillotes,
des petits ports et quelques écluses, et cela jusqu’à mon arrivée à Thionville.
La traversée de la ville par les berges est bien aménagée et
empruntée par quelques rouleurs et promeneurs du samedi matin. Un petit imprévu, au centre, la voie est coupée exceptionnellement pour un gros évènement
commercial et je me retrouve en plein rond-point, au milieu des
voitures, pour suivre la déviation aux indications un peu floues.
Enfin, après quelques hésitations, oubliant que j’avais prévu
de m’acheter dans ce lieu quelque chose pour mon repas, me voici à nouveau sur
la voie de ce vieux Charles en train de filer vers Cattenom.
Eh oui, ce n’est pas un mirage, je me trouve assez rapidement en
vue des 4 réacteurs dont un seul parait en service, et qui vont m’accompagner
pendant un bon moment grâce aux boucles de la rivière, sur laquelle j’aperçois
quelques pancartes mettant en garde contre les mouvements d’eau techniques provoqués
apparemment régulièrement par la centrale nucléaire.
Après un petit selfie de votre serviteur avec en fond les
dômes, que j’envoie aussitôt à femme et enfants pour leur dire que tout va bien,
je me dis que je vais pédaler un peu plus vite pour m’éloigner de ce monstre
que je ne pensais pas si près des Thionvillois.
Après quelques kilomètres, mon estomac commençant à se
rappeler à mon bon souvenir, je décide de m’écarter légèrement des berges pour
chercher un éventuel commerce d’alimentation au prochain village. Après avoir
tourné en rond dans « Malling » où je ne croise même pas un chat, et
devant la devanture de l’unique commerce, une boulangerie, définitivement
fermée, je décide de repartir et de trouver un endroit sympa pour m’arrêter et déguster
le petit plat tout prêt de secours que j’ai bien fait d’emmener.
Au bout de quelques kilomètres, j’aperçois un banc, bien
placé, qui fera l’affaire.
Bon, la salade de pâtes au thon, version provençale, n’a
rien d’exceptionnel, mais je me sens mieux, surtout après, en dessert, des galettes
de maïs nappées de chocolat. Pas de café, mais n’étant pas très loin de Sierck
les Bains, je sais pouvoir en trouver là-bas.
Après une dizaine de kilomètres, en rentrant dans Sierck,
j’aperçois une Boulangerie-Pâtisserie ouverte. Je m’y précipite sans trop
savoir pourquoi, certainement par réflexe, heureux de trouver un commerce. A ma
grande surprise, les étals du magasin sont complètement vides, plus de pain ou
autres viennoiseries, et, tout seul, dans la vitrine réfrigérée, se morfond un
petit Paris-Brest. Bon, moi c’est Metz-Coblence, mais ce n’est pas grave, donc bien
que n’ayant plus spécialement faim, ma gourmandise me suggère de le goûter
avant le petit café savouré sur la terrasse d’un bar proche du château.
Il n’est pas encore 14 heures, et après un coup de fil à la
maison pour rassurer, je repars vers Apach côté français, et ensuite
Perl côté allemand, qui sont à la jointure des 3 frontières. Etant côté rive
droite, je quitte la France, pour me retrouver en Allemagne, au milieu d’une jolie
contrée plus pentue et à vocation vinicole, tout en découvrant aussi en face,
côté gauche, les beaux côteaux de vigne du Luxembourg et juste après, au bord
de la rivière, le château et la petite commune de Schengen célèbre pour ses
fameux accords.
Je continue, et une petite dizaine de kilomètres plus loin, sous
un franc soleil qui semble avoir adhéré à mes espoirs et prévisions du matin, je traverse le pont vers la rive gauche, le Luxembourg et la ville de Remich. Là,
contrairement à une grande partie de mon trajet jusque-là plutôt solitaire ou
presque, je me retrouve dans une station balnéaire très fréquentée, avec beaux
parcs, casino, et belles infrastructures touristiques en bord de rivière.
Après un petit tour de reconnaissance, et l’après-midi
n’étant qu’en partie entamée, je décide de continuer et de faire étape à Grevenmacher
qui se situe à un peu plus de vingt encablures et qui me rappelle des souvenirs
de mon enfance. En effet, je me souviens, qu’avec nos parents, nous venions y passer
des week-ends avec un couple d’amis et leur garçon, avec notre caravane dans un
camping bordé d’une belle piscine.
Je continue alors sur un véloroute superbement aménagé
et très agréable, bordé d’une grande quantité de beaux domaines viticoles, aux
maisons de standing, installées dans et autour de villages aux allures plutôt cossues.
Il est presque 16h30 lorsque je rejoins Grevenmacher. Le camping au bord de la Moselle est facile à trouver, à côté d’une belle et grande piscine, naturellement beaucoup plus moderne et immense que celle de mes souvenirs.
Je suis très bien reçu au bureau, et monte rapidement ma petite tente sur un emplacement qui jouxte les grands bassins de dimension olympique, avec vue sur la Moselle et les vignes d’en face. Autour de moi, énormément de caravanes en grande partie habitées par des Luxembourgeois et aussi des Allemands. Il y a également des petits chalets en bois à la location abritant quelques familles avec des jeunes enfants.
Après ce petit tour d'horizon, une petite douche et un peu de lecture allongé au soleil. Ensuite, je fais à pied une petite reconnaissance des lieux alentour, et découvre une petite zone de loisirs animée car nous sommes samedi. Un peu plus tard, je suis prêt à rejoindre la terrasse en partie déjà occupée du petit snack-bar de l’entrée du camp, pour savourer une bonne bière bien méritée, et regarder la carte des menus.
C’est décidé, après les explications en français de la serveuse sur les plats écrits en luxembourgeois, ce sera pignons de poulets panés avec frites et salade. Un bon petit repas très correct après cette première journée bien remplie, car sans trop m’en apercevoir, et tout en me baladant, c’est un trajet de 102 km qui s’affiche sur mon smartphone.
La soirée va être courte, car après un peu de lecture, et,
la nuit tombée, contrairement à mes habitudes de couche-tard qui se réveille
tôt, je m’allonge dans cette mini tente pour m’endormir rapidement.
Dimanche 28 août 2022 :
Naturellement, vu l’heure de mon coucher, il n’est pas encore 6 heures, et, il commence à peine à faire jour lorsque j’ouvre les yeux. Pour mon petit déjeuner, j’ai repéré la veille, qu’à la station-service proche du camp, il y a tout ce qu’il faut. J'y achète un café et quelques viennoiseries, sans oublier de prendre au passage, deux sandwichs qui devraient satisfaire mon appétit à la mi-journée.
Et tranquillement, en prenant mon temps pour me préparer,
plier la tente, etc. 8 heures viennent
de sonner lorsque je salue et remercie le propriétaire du camp, apparu à l’instant,
à demi réveillé, son café à la main. Nous sommes dimanche matin, il n’y a que
lui et moi, le camp et la ville en sont encore à leur nuit.
Le véloroute longe la départementale qui est un peu en hauteur et qui, quelques kilomètres plus loin, offre la vaste vue d’un complexe portuaire sur la rivière en contre bas, apparemment important, car bien desservi côté voies ferroviaires.
Ensuite, me voici arrivant bientôt en
Allemagne du côté de Konz, avec à nouveau, une belle alternance de bourgs et de
vignes de chaque côté jusqu’à mon entrée dans Trêves. Là, je traverse le pont,
car j’ai décidé de faire un tour de découverte de la ville qui est principalement
située rive droite. Le centre n’est pas difficile à trouver et après quelques
places sympas et rues typées apparemment très touristiques, j'arrive devant le
monument romain le plus connu de la ville : La Porta Nigra.
Quelques photos et selfies pour l’occasion et un appel à la
maison pour prendre et donner des nouvelles, et je suis de retour vers la rive
gauche par un autre pont bordé de belles infrastructures balnéaires et nautiques.
Quelques encablures plus loin, le chemin s’éloigne des
berges, et me fait passer dans la zone industrielle d’une agglomération assez
importante du nom de Pfazel. Une convergence de voies ferrées, reliant des
grands entrepôts, des grues, et d’imposantes citernes, le tout donnant sur la
rivière, et expliquant ce détour très bétonneux forcé loin de l’eau. Au milieu de ce véritable décor inattendu, la sonnerie de mon smartphone retentit. C'est mon fils cadet qui me fait un petit bonjour. Nous échangeons quelques nouvelles, puis je repars en direction de la rive disparue momentanément.
Enfin, à nouveau la Moselle m’accompagne, en tout cas, j’ai
envie de le croire ! La nature reprend le dessus, et pendant un bon bout de
chemin, je double et croise des canards par groupes d’une dizaine, qui utilisent
la voie pour se reposer et se promener hors de l’eau. Une particularité, la
couleur de ces anatidés est différente de ceux que nous croisons chez nous.
Ceux-ci ne sont pas principalement gris, verts et bruns, avec des couleurs
différentes entre mâles et femelles, mais tous en uniformes unisexes beiges et
marrons, et d’une taille plus grande.
Un gros bloc de pierre tout près des bateaux me tend les
bras. Aussitôt installé, dégustant les sandwichs luxembourgeois et répondant
aux nombreux « bonjour » et « bon appétit » des passants
et promeneurs décidément très polis.
Pour le café d’après repas, je parcoure cent mètres vers une
belle terrasse d'un bar restaurant tout au bord de l’eau, très accueillant envers
les cyclistes au vu du grand parc à vélos en partie déjà bien occupé.
Après un bon café et un petit coucou à la maison, je remonte sur mon super destrier pour m’attaquer aux boucles de plus en plus nombreuses
et surprenantes de cette belle rivière. Nous sommes dimanche après-midi, et la
température de cette journée de dernière partie de l’été est très agréable.
En longeant toujours la berge, à ma grande surprise, je découvre,
près d’un petit port, une vedette de croisière, en cale sèche, se prénommant « Graoully ».
Cette fichue bête aurait elle aussi sévi dans cette contrée ? ou alors
tout simplement, ce bateau aurait des origines messines ?
De temps en temps, le chemin quitte la berge pour s’élever un peu au milieu des vignes de plus en plus pentues, surtout rive gauche, et me permet d’admirer d‘autres beaux panoramas. De ce côté, même les parcelles les plus hautes et plus abruptes, entourées de rochers et paraissant inaccessibles, sont occupées par des pieds de vigne. On peut vraiment se demander comment les vignerons arrivent à cultiver dans ces conditions extrêmes où, vu la pente, il parait impossible de se tenir debout. Et pourtant ils y arrivent.
Après un petit tour du centre, je traverse ce pont, et me dirige vers le camping situé en périphérie, sur une sorte de presqu’ile cachant un beau petit port de plaisance. Bel accueil à mon arrivée par deux jeunes femmes qui ne parlent pas anglais, et qui s’amusent en essayant de répéter les quelques mots français que je place au milieu de mon charabia allemand. Le site est beau, suffisamment ombragé, beaucoup d’emplacements où se mêlent camping-cars, tentes et caravanes. Le terrain est grand et il reste encore de beaux espaces pour d’éventuels arrivants. Je m’installe non loin de l’accueil sur une aire dédiée aux petites tentes de passage, à une dizaine de mètres d’une place déjà occupée par une mini tente de randonnée et un gros vélo à assistance électrique.
Je suis à peine en train de dérouler et monter ma petite maison, que le propriétaire du vélo apparait, me souhaite la bienvenue en allemand et engage la conversation. Ce monsieur ne connait que quelques mots de notre langue, mais maitrise bien l’anglais, ce qui nous permet de communiquer plutôt dans un mix anglo-saxon sur d’où nous venons etc. La conversation dure quelques bonnes minutes.
Après, le bivouac monté, une somptueuse douche dans des blocs sanitaires accessibles uniquement avec un pass numérique et dignes d’un hôtel 4 étoiles. Et me voici allongé près de la tente, à flâner tout en dégustant une bouteille d’eau gazeuse bien fraiche, puis au téléphone pour donner et recevoir des nouvelles.
Ensuite, avant de penser au repas, petit tour pédestre dans,
et autour du camp, pour reconnaitre et m’approprier les lieux comme à mon
habitude. Puis, assis au soleil, pour lire quelques pages du livre commencé la
veille.
En ce qui concerne le diner, le camp propose un petit snack très
spécialisé « pizzas ». Ce sera donc « pizza ».
Le soleil étant toujours de la partie, je m’installe à une
table qui me permettra de le garder jusqu’au crépuscule. Avec toutes les vignes
traversées, je me dis que prendre une bière ce soir ne serait pas correcte, et
je commande un vin blanc de Moselle et une pizza bien garnie avec des câpres.
Le vin est bon, mais je suis un peu surpris de son goût assez
sucré. Quant à la pizza, rien à redire, elle est de grande taille, très bonne,
et je n’en laisse pas une miette. Le vélo ça creuse !
En commandant un super chocolat glacé en guise de dessert,
je demande à mes hôtes si leur vin de Moselle se décline aussi en version
« blanc sec ». La réponse étant oui, je décide d’y goûter avec ma glace. Bon, je vais le boire doucement, en regardant le soleil atteindre
l’horizon, car ce second verre n’est pas trop dans mes habitudes, mais
exceptionnellement, c’est une belle petite soirée d’été à savourer. C’est
effectivement un vin plus sec, mais fruité qui correspond mieux à mes goûts.
Après ce bon moment, savoureux et savouré, à la nuit
tombante, un dernier petit tour à pied au bord du très joli petit port de
plaisance situé à l’entrée du camp et légèrement illuminé par les feux de position des pontons, puis, direction la
tente, car je sens que le sommeil ne sera pas long à me prendre.
Lundi 29 août 2022
Vu l’heure plus tôt que d’habitude, à laquelle je me suis couché, me voilà les yeux grands ouverts bien avant 6 heures. Il fait à peine frais et je suis apparemment, pour l’instant, la seule personne consciente et opérationnelle dans ce camp. Seul le soleil de fin août commence à apparaître à travers les arbres, et augure une belle journée pour ma troisième étape.
Un passage à la douche, et à mon retour, je croise et salue mon
voisin cycliste en train de se lever et de préparer ses affaires.
Il est 7h30. Vite habillé, affaires rangées, tente pliée, je me surprends en train de charger mon vélo exactement comme la veille, avec un automatisme
surprenant, comme si j’en étais à ma 15ème étape.
Bon, maintenant, un bon café serait ce qui pourrait
m’arriver de mieux, mais je pense devoir en trouver plus au centre-ville.
Cependant, à tout hasard, je vais voir du côté de la boutique – snack du camp, et, oh miracle, l’échoppe vient d’ouvrir.
J’y retrouve mon voisin en train de s’attabler devant des
croissants et un café. Je lui propose de partager sa table, ce qu’il accepte aussitôt.
Et nous voilà devant un bon petit déjeuner à échanger sur les prévisions de
notre journée. Il me montre que sa roue arrière a un rayon cassé, et il
commencera donc par une visite chez un vélociste au centre de cette petite
ville.
Après une bonne demi-heure, c’est le moment des adieux et de
souhaits de « bon voyage ». Je salue aussi et remercie mes hôtes du
camp qui ont été vraiment très accueillants, et je donne le premier
coup de pédale de cette journée qui devrait m’amener à quelques encablures du
but de ma balade.
Je repasse par le centre-ville de Bernkastel-Kues, qui est
très joli, mais avec moins de touristes, vu qu’il est à peine 8h30. Et je retrouve cette piste toujours aussi intéressante et vraiment bien faite pour
rouler tranquille et en sécurité.
Les méandres de la rivière sont toujours aussi nombreux et me font passer régulièrement de l’ombre à la lumière et vice versa, le soleil n’étant pas encore très haut. Quant au paysage, toujours très joli, avec une succession de bourgades de chaque côté de la rive, régulièrement surmontées par un château plus ou moins en ruines. Souvent aussi, bordées par un camping et un petit port de plaisance qui donne envie de naviguer. Je passe aussi sous un grand viaduc reliant les deux rives, imposant par sa hauteur, et traversé par une autoroute.
C’est déjà le milieu de la matinée, et j'arrive à l’entrée d’une ville apparemment importante, avec un port réservé aux bateaux de croisières et des infrastructures très tournées tourisme. Son nom est Traben-Trarbach. Je passe devant une bâtisse imposante dénommée Boudha Museum. Surprenant de trouver un musée dédié à Boudha dans cette contrée. Ce lieu étant encore fermé, je n’en saurais pas plus pour l’instant, mais compte bien me renseigner à mon retour.
Au centre, un pont impressionnant relie la rive droite remplie
d’hôtels et de restaurants, à la rive gauche, apparemment beaucoup plus grande
où se mélangent, habitations, commerces, banques etc.
Je décide de le traverser pour trouver une boulangerie
ou quelque épicerie me permettant de prévoir mon repas de midi. Bien m’en a
pris car je tombe sur une superbe boutique qui me propose toutes sortes de sandwichs
qui feront très bien la pause de demi-journée.
Auparavant, à mon arrivée au port, m’étant adressé à une dame qui vend
les tickets de croisières, j’ai réussi à me procurer une carte spécialisée navigation, mais décrivant avec précision une grande partie du parcours qui me
reste à faire. En la parcourant avant de repartir, je m’aperçois que la suite
peut se faire, rive droite, ou rive gauche. Je décide de continuer côté rive gauche,
ce qui me permettra d’avoir moins de zones d’ombre encore fraiches ce matin.
Et me voilà progressant dans les boucles toujours aussi belles
et de plus en plus tournées vers l’est, et donc, bientôt en plein soleil. Vers 11h, je
repasse rive droite, car j’ai décidé de faire ma pause dans la ville de Zell que je devrais atteindre vers midi. Quelques kilomètres avant, alors que je viens de croiser et admirer un beau petit bateau remontant la rivière, mon téléphone
sonne. C’est mon fils ainé qui vient aux nouvelles. Un petit arrêt pour
lui répondre, et c'est reparti.
Je suis de moins en moins seul sur le parcours et croise ou côtoie
pas mal de cyclistes, plutôt en groupes.
Ah ! j’aperçois au loin, un château surplombant un gros bourg,
flanqué d’un beau petit port : Zell.
Voilà donc mon escale déjeuner. Je découvre beaucoup de rues
piétonnes, interdites aux vélos, mais très fréquentées pour leurs magasins,
bars et restaurants. Curieux de visiter ces lieux, je m’y engouffre ma bicyclette à
la main. Le nombre de touristes, en majorité allemands est impressionnant.
Après cette petite promenade découverte, je me suis assis dans
l’une des jolies et nombreuses petites tonnelles aménagées au bord de l’eau, pour déguster un petit wrap, puis, un énorme pan bania.
Puis, bien rassasié, je me dirige vers un petit kiosque pour déguster un café tout en profitant de faire remplir ma gourde d’eau, détail très important pour pouvoir continuer sous une chaleur grandissante.
En prenant ce bon café, je regarde à nouveau les différents
parcours possibles, et décide de passer dans quelques kilomètres, côté rive
gauche pour me diriger vers la petite ville de Cochem qui me semble une des plus intéressantes du parcours.
Je repars sous un soleil de bel été. Cette journée est la
plus chaude des 3 étapes parcourues ; il doit faire au moins 27 degrés.
Comme prévu, je trouve le pont qui me fait passer rive
gauche, et une heure et demie plus tard, je rentre dans Cochem qui effectivement
est assez grande et très animée. Un beau parc à vélo me tend les bras, bien que
déjà bien rempli. Cet endroit flanqué de bars et restaurants, juste en face de
l’amarrage de plusieurs bateaux de promenades et croisières, grouille de
touristes et promeneurs. Je m’assois sur un banc juste en face de mon vélo et à
côté d’un bar spécialisé dans la dégustation de vins de Moselle. Il est à peine
plus de 15h30, nous sommes lundi, et toutes les places de la grande terrasse
sont occupées par des couples et familles en pleine dégustation du nectar local
dans de grands verres à pied. Ici, c’est vin de Moselle à toute heure !
Pour moi, ce n’est pas la bonne heure et le bon endroit, donc je traverse la
rue vers un petit chalet pour me procurer un bon coca frais et de l’eau
pour mes 2 gourdes.
Je suis à une cinquantaine de kilomètres de Coblence, il est
encore tôt. Après une petite pause, je décide donc de repartir et de m’avancer
un peu plus vers mon but, en cherchant tranquillement un camping, et n’avoir que
quelques dizaines de kilomètres à faire demain matin. Ainsi cela me permettra
d’arriver tôt dans la matinée, pour accueillir Anne-Marie qui vient me
récupérer, et passer ensemble une partie de la journée dans cette ville que je
connaitrai enfin.
Bien rafraichi par mon soda frais, je repars et les paysages
toujours aussi beaux se succèdent.
Au bout d’une demi-heure, j'atteins un pont et l’entrée
de Treis-Karden. Petite hésitation sur la rive à prendre, et après consultation
de la carte, la rive droite, plus au soleil, et parsemée de quelques villages
avec des campings me parait préférable pour la suite de cette étape.
Je passe donc le pont…
Ce côté de rivière étant un peu plus escarpé, pendant quelques kilomètres, la piste cyclable se résume à une partie de route signalisée sur le côté gauche surplombant l’eau. Il y a peu de circulation, mais tout en restant prudent, je me sens en sécurité car les autochtones ont visiblement la culture de la cohabitation vélos-autos.
Moins de 10 kilomètres plus loin, dans une vallée un peu plus élargie, j’aperçois un camping
assez étendu en bord de Moselle. J’arrive à Burgen. Petite reconnaissance,
l’endroit me plait bien, et, je vais donc m’adresser à l’accueil.
Je suis très bien reçu par une dame parlant anglais. Elle va
me trouver un bel emplacement pour cette nuit. J’aperçois un bar restaurant à
l’entrée du camp, qui devrait faire mon affaire… Petit bémol, en réglant mon
séjour, j’ai un problème avec mes deux cartes de crédit. La liaison
d’autorisation n’aboutit pas. Heureusement, il me reste une soixantaine d’euros
en espèces. Je règle les 22 euros du séjour, tout en me disant que j’aurai
encore suffisamment de liquidité jusqu’à Coblence après avoir payé mon repas du
soir. Ce petit intermède confirme s’il le fallait, qu’il faut toujours garder
des espèces, car, les cartes peuvent être plus ou moins opérationnelles suivant
les endroits.
Ensuite je dresse ma tente tout en bord de rivière, à côté d’un confrère cycliste utilisant un vélo spécial à 3 roues. Nous nous saluons et partageons la même rallonge multiprise électrique, mise gentiment à disposition par notre hôte, afin de recharger téléphones et batteries de secours.
Un peu de repos face au soleil descendant à repenser à ma
journée riche en évènements et en endroits sympathiques.
Une tentative d’appel à la maison pour donner des nouvelles,
mais personne ne répond, je rappellerai donc plus tard.
Avant le repas, passage à la salle de douches qui est dans la
lignée de ce que j’ai connu ces derniers jours, toujours très bien agencée et
très propre.
Vers 19 heures, mon estomac crie famine, et je m'accoude au bar
du snack, entouré d’une dizaine de campeurs, parlant fort, visiblement déjà en plein apéritif. Ils me donnent envie avec leurs gros bocks remplis d’une bière à la
couleur et la mousse très avenantes.
Je me lance et commande la même chose, en demandant la carte
des menus.
Le barman ne parlant pas anglais, j’essaye en vain de savoir
ce qui se cache derrière les noms locaux des plats. Je balbutie une question en
allemand, mais visiblement, mon interlocuteur ne met pas beaucoup de bonne
volonté pour m’aider, tout en lançant à la cantonade, une réflexion naturellement
incompréhensible pour moi et c’est peut-être tant-mieux... Heureusement, une
dame, dans l’assistance devenue silencieuse et apparemment un peu gênée, a
décidé de venir à mon secours, et de m’aider à comprendre. Grâce à son intervention,
je commande enfin, en la remerciant et avec le sourire, une escalope viennoise
avec des frites.
Et je m’installe en terrasse avec mon immense verre à bière.
Il fait encore très bon, et j’en profite pour appeler mon épouse. On se met d’accord pour le rendez-vous du lendemain. Ce sera devant la
gare centrale de Coblence à partir de 11 heures. Il ne me reste que 30 petits
kilomètres, donc en partant tôt, il ne devrait y avoir aucun problème pour ce
rendez-vous.
Ne s’étant pas trop faits attendre, l’escalope-frites et la
bière m’ont bien rassasié, et je me dirige vers le bar pour régler
l’addition. Les clients de l’apéritif ne sont plus là, et c’est au
barman, seul derrière son comptoir que je paie le repas. En même temps
j’aperçois un congélateur rempli de glace, et, gourmand comme je suis, je lui
demande de me rajouter un chocolat glacé. A ma grande surprise, me rendant ma
monnaie, il me dit qu’il m’offre mon dessert. Très surpris, Je remercie ce monsieur, qui,
peut-être, enfin, c’est ce à quoi je pense, a voulu rattraper sa petite
désinvolture précédente. Ensuite, avec mes quelques mots d’Allemand, je lui
confirme avoir aimé son plat et je semble susciter son intérêt, en lui donnant
le nom français de ce met, qu’il s’amuse à répéter plusieurs fois en souriant. Puis
nous nous quittons très bons amis.
Ensuite, au calme, dégustation du chocolat glacé au bord
de l’eau, dans un crépuscule naissant.
Puis, comme d’habitude, petit tour à pied de la propriété pour
connaitre les lieux et faire un peu de marche, ensuite, la journée étant bien
remplie, je rentre dans mon sac de couchage, prêt à compter les moutons…
Mardi 30 août 2022
Comme à l’accoutumé, je ne suis pas étonné
de me réveiller alors que le jour est seulement en train de poindre. Par
contre, à la différence des autres jours, une belle petite rosée rafraîchit sérieusement
l’atmosphère.
Après une petite toilette, puis le pliage et rangement de mon matériel, il
est à peine 8 heures quand je quitte le camp, en espérant trouver dans le
village, à 500 mètres, de quoi faire un bon petit déjeuner. Il fait beaucoup
plus frais que les autres matins, et mon haut de survêtement en dessous de mon
coupe-vent n’est vraiment pas de trop.
Les premières maisons passées, j’arrive à ce qui parait être
le centre de Burgen. A droite de la grande place, j’aperçois une belle
devanture de Boulangerie-Pâtisserie avec des tables à l’intérieur pour
consommer. Et je me retrouve bientôt en train de savourer un bon café, avec des
petits pains ronds aux céréales, agrémentés à ma demande, d’un fromage
ressemblant à de l’Edam. Voilà une journée bien commencée. Durant ces trois
étapes, j’aurais bien réussi à improviser pour les petits déjeuners.
Il est 8h30 lorsque je remercie la boulangère et saute sur
ma monture pour entamer la dernière mini- étape.
A cette heure, je ne croise pas grand monde, sauf quelques
enfants avec des sacs d’écoliers. Apparemment la rentrée des classes est déjà
faite ici.
J'attaque les derniers méandres qui me
paraissent de moins en moins encaissés. La rivière est de plus en plus large et
donne l’impression de vouloir jouer les gros bras en approchant de sa rencontre
avec le Rhin.
Le véloroute est toujours aussi agréable et les kilomètres
défilent assez vite. Les collines, sur les deux rives, s’estompent de plus en
plus, laissant la place à une campagne beaucoup plus plate.
Il est autour de 10 heures, lorsque j’entre dans la
périphérie de Coblence.
Sur la rive d’en face, j’aperçois des constructions récentes entourant un port de plaisance qui me semble bien garni.
Dès le début du centre-ville, la piste cyclable devient ombragée, et entourée de gazon et de plantes. Sur cette rive droite, les bâtisses sont plutôt anciennes, de style, bien entretenues et donnant sur un grand boulevard qui longe la rivière. Il ne me reste plus qu’un kilomètre et je découvre un grand barrage hydro-électrique, qui apparemment permet aussi de réguler le niveau de la rivière plus basse en aval, et bordé par une grande écluse qui permet la continuité de la navigation.
J'avance à quelques centaines de mètres du « Deutsches Ecke », (le Coin Allemand), c’est le nom donné au rivage en angle droit délimitant la rencontre de la Moselle et du Rhin. Il fait un beau soleil et la température est à nouveau estivale. Je suis étonné par le nombre de touristes déjà sur place. Je m’arrête devant un panneau indiquant le lieu de confluence avec schémas et explications. Cet endroit parait beaucoup plus couru que je ne l’aurais cru, et apparemment la plupart des visiteurs sont allemands.
Pressé d’aller au bout du bout, à cent mètres du but, j’avance le vélo à la main, tout en filmant autour de moi pour « immortaliser » mon arrivée, et je tombe sur une barrière indiquant que le lieu est exceptionnellement fermé au public, car réservé à une imminente manifestation commerciale.
Eh bien oui, j'arrive à quelques mètres de l’endroit tant
espéré, sans pouvoir y accéder ! Comment ont-ils pu me faire cela ? Bon,
pas de panique, je fais le tour du lieu par les jardins, côté Rhin, espérant
pouvoir approcher au plus près, mais je me retrouve aussi devant des tentes commerciales
blanches protégées par des barrières.
Pour me consoler, je peux tout de même apercevoir,
surplombant et faisant partie du sanctuaire défendu, l’énorme statut représentant
l’empereur Guillaume 1er à cheval.
Malgré cela, je trouve l’endroit très joli et méritant le
détour, car d'où je suis, je peux tout de même apercevoir la rencontre de l'affluent et de son fleuve. De ce côté, encore plus de touristes marchant le long des quais où sont
amarrés plusieurs grands et beaux bateaux de croisière. Je lève la tête au
milieu de cette foule et suis très surpris de voir plusieurs cabines de
téléphérique, ultra modernes, toutes bien remplies, enjambant le Rhin pour
monter vers un château au sommet de la colline d’en face, et partant de la rive
où je suis.
Quelques clichés et après un certain temps à savourer l’instant
et à contempler ce tableau très vivant, je décide de me diriger vers la gare
centrale tout en longeant l'immense esplanade bordant la rive gauche de ce
fleuve mangeur de Moselle.
Un peu plus loin, je suis très surpris par un grand bâtiment dont l’architecture a des points communs avec notre imposante gare de Metz. Je m’arrête et le prends en photo.
Cela n’a pas échappé à un passant, qui s’approche de moi en souriant dans le but apparemment d’engager la conversation. Ce monsieur, d’une bonne cinquantaine d’année s’adresse à moi en allemand. Je lui réponds aussitôt dans sa langue « que je ne parle et comprend très peu l’allemand et que je suis français ». Et nous voilà partis dans un dialogue très européen, mélangeant trois langues, car il arrive à construire quelques phrases en français, s’aidant aussi de l’anglais, et moi, faisant l’effort de sortir quelques mots d’allemand tout en utilisant aussi la langue de Shakespeare, ou plutôt certainement de Boris Johnson…
Il s’intéresse à mon voyage et m’indique que ce bâtiment,
construit de 1902 à 1905 en style néo-roman sur les rives du Rhin, fut le siège
de l’ancien gouvernement prussien pour le district administratif de Coblence,
et le bureau principal des impôts. Je lui parle de la similitude avec la gare
de Metz et de l’histoire de sa construction décidée par l'empereur Guillaume II, qui date de la même époque
et cela semble tout à fait l’intéresser.
A la fin de cette
conversation éclectique et très sympathique, nous nous saluons, et je continue vers la gare. Cet épisode est vraiment le reflet de l’accueil et de
la gentillesse de toutes les personnes que j’ai rencontrées dans ce pays.
Encore quelques boulevards et quelques rues, et je freine devant la gare centrale. Je n’ai plus qu’à attendre quelques dizaines de minutes.
Je pose mon vélo bien en vue sur le trottoir, face au dépose minute et j’observe
les lieux et les va-et-vient des voyageurs. Visiblement le trafic doit être
important, vu le ballet incessant des voitures, des bus et des piétons.
Je suis impatient de retrouver mon épouse et de passer
quelques heures avec elle dans cette ville, et naturellement de retourner ensemble
à la confluence du Rhin et de la Moselle pour lui montrer ce lieu dont elle a
entendu parler depuis quelques années.
Après quelques appels téléphoniques nous nous retrouvons, et
le vélo chargé dans la voiture, je suis en jeans et baskets, prêt à savourer cette belle journée et la fin de ce périple que j’ai vraiment très
apprécié.
Avant mon départ, mise à part la topographie du parcours, je ne m’étais pas
informé beaucoup sur ce qui m’attendait, laissant exprès la place aux surprises,
et j’ai bien fait, car elles ont été nombreuses et très bonnes.
Tout le parcours et les contrées traversées, qui ne font
pas beaucoup partie des réflexes touristiques de nos compatriotes lorrains ou
même français, valent vraiment plus qu’un détour et assurent un dépaysement garanti.
A tous les amateurs de belles balades en vélo, je conseille
vivement d’y penser. Pour les autres, que ce soit en auto, moto, et aussi bateau,
de croisière ou non, ce parcours est un périple très agréable et très intéressant
à programmer. Les touristes y sont bien reçus, campings, chambres d’hôtes, hôtels,
restaurants, et autres infrastructures pour passer un bon moment sont légion,
avec des hôtes très avenants qui ne demandent qu’à nous faire vivre un bon séjour.
Ci-dessous pour information, n’ayant pu y accéder, une photo
trouvée sur Internet de l’endroit défendu à mon arrivée…
Quant à moi, vivement un prochain été, car après cette belle expérience, j’ai envie de découvrir l’autre partie du parcours de cette rivière qui prend sa source au col de Bussang dans les Vosges.
Ce sera donc la balade Metz – Bussang par la voie bleue…
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